En initiant la construction du Velodrome Suisse, Andy Rihs, président du conseil de la Fondation «Velodrome Suisse», concrétise une idée de l’ancien coureur cycliste suisse Hans Ledermann. Andy Rihs, l’entrepreneur toujours très actif et passionné du sport cycliste, s’est mis pour objectif de construire la piste cycliste la plus rapide d’Europe dans une salle multifonctionnelle. Ce vélodrome devra servir de berceau d’une nouvelle génération du cyclisme suisse et sortir des médaillés potentiels aux Jeux Olympiques et Championnats du monde et d’Europe. A cet effet, une fondation appelée «Velodrome Suisse» a été créée avec siège à Granges. Cette fondation se charge du financement et de la réalisation de ce projet.
Andy Rihs, a quel moment avez-vous eu l’idée de construire un vélodrome en Suisse?
L’idée se base sur un ancien projet que Hans Ledermann avait développé il y a de nombreuses années déjà et qui pour diverses raisons (également financières) n’a pas été réalisé. Il existe en Suisse déjà trois vélodromes dont le plus renommé est celui à Zürich-Oerlikon avec une longueur de 333 mètres. Etant donné qu’il n’est pas couvert, il ne peut être utilisé que par beau temps. Une autre piste d’une longueur de 200 mètres se trouve à Aigle, où se situe également le siège principal de l’Union cycliste internationale (UCI). Cette piste couverte est beaucoup utilisée, tant par des athlètes suisses qu’étrangers. Genève héberge une troisième piste qui ne mesure cependant que 167 mètres. La piste que nous prévoyons mesure 250 mètres et correspond ainsi aux standards olympiques. Il sera ainsi possible d’y disputer des championnats internationaux et de concevoir des programmes d’entraînement à la base de la distance d’origine.
Qu’est-ce qui vous a incité à reprendre l’idée?
La renaissance de l’idée a eu lieu lorsque je me suis rendu compte que des nations comme la Grande-Bretagne ou l’Australie réussissent soudainement à sortir des coureurs cyclistes extrêmement performants sur route et formés, en grande partie, sur la piste. L’athlète anglais Bradley Wiggins, vainqueur du dernier Tour de France en est le meilleur exemple. Jusqu’aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, il s’était principalement concentré sur la compétition sur piste.
Quels sont les avantages de l’entraînement sur piste?
Les expériences ont démontré que certaines qualités et finesses de l’école du sport cycliste peuvent en priorité être acquises ou perfectionnées sur la piste comme par exemple l’entraînement du rythme de la course. De plus, les entraînements sur piste sont excellents pour l’endurance, l’habileté de pilotage ou les capacités de réaction. Un autre avantage est celui d’être indépendant des conditions météorologiques. Il est possible de s’entraîner même en plein hiver avec beaucoup de neige, lorsqu’il pleut ou s’il grêle. Le fait que les vélodromes se prêtent parfaitement pour organiser des rassemblements des cadres juniors permet de reconnaître les talents, tant féminins que masculins, très tôt déjà. Par rapport à l’entraînement en plein air, les entraîneurs ont l’avantage de pouvoir observer les athlètes de plus près.
Donc, la relève du sport cycliste a eu une grande importance dans votre décision de réaliser cette idée?
Oui, l’objectif est clairement celui de pouvoir utiliser la piste pour former à l’avenir des nouveaux champions cyclistes suisses. Le recrutement de jeunes talents est plus difficile aujourd’hui qu’il y a dix ou vingt ans encore. Ceci devrait changer avec le Velodrome Suisse. Il est prévu de construire à Granges un centre de compétence et de formation du cyclisme suisse.
Une fois l’idée concrète, votre motivation était-elle de commencer à tout prix avec la construction du Velodrome Suisse?
Non. Bien évidemment, les coûts étaient un facteur essentiel. Pour moi il était important de pouvoir construire le Velodrome Suisse à un prix abordable. Que vous construisiez un vélodrome pour 200 millions de francs ou pour 10 millions – au final, même dans la variante la plus coûteuse, la pièce maîtresse de l’œuvre reste la piste de 250 mètres – ni plus ni moins.
Avez-vous déjà de l’expérience comment construire une salle multifonctionnelle sans dépenser une fortune?
Oui, le concept pour le Velodrome Suisse est en principe le même que celui qui était à la base de la construction de la «Halle für alle» à Stäfa. Le projet a été confié au même architecte et partenaire général, à savoir à l’entreprise « Juve Architekten und Ingenieure AG » à Stäfa. A Stäfa, une salle de sport pour tous a été construite en l’espace d’une année pour 3,5 millions de francs – environ le quart de ce qu’aurait coûté la construction conventionnelle. Un concept qui tenait la route en 1999 déjà et qui est concevable aujourd’hui encore. A l’époque, la durée de réalisation, de l’idée à l’inauguration de la salle, était de tout juste 18 mois!
Que cela signifie-t-il pour le Velodrome Suisse?
Nous devons bâtir à l’aide d’éléments préfabriqués, avec des concepts éprouvés. Pour moi il ne faisait dès le début aucun doute que le Velodrome Suisse ne devait pas dépasser de plus de quatre à cinq fois les coûts de la salle à Stäfa. Une première étude a démontré que ceci était possible. A partir de ce moment, j’ai entamé le travail de relation public.
Pour vous, il était clair que la salle sera construite à Granges?
Dès le début, Granges était ma destination favorite pour ce projet. Géographiquement parlé, Granges se situe dans une région centralisée et est relié aux réseaux ferroviaires et routiers européens (linges de chemin de fer Genève-Zurich et Genève-Bâle).
L’aérodrome de Granges y contribue aussi. Les transports publics régionaux proposent un réseau de bus important. Dès les premiers entretiens avec les responsables de la ville de Granges, l’idée a été reçue avec beaucoup de sympathie. Le terrain est cédé à la fondation par la commune de Granges dans le droit de construction. Ceci va faire de la ville connue notamment pour sa tradition d’horlogerie et d’industrie de précision, le cœur du sport cycliste suisse, d’autant plus que Swiss Cycling va transférer l’année prochaine son siège d’Ittigen BE au Velodrome Suisse, ce qui n’est pas plus que logique, étant donné qu’en principe la formation de la relève fait partie de la tâche de Swiss Cycling.
Quels sont les coûts estimés pour la construction du Velodrome Suisse?
Nous nous efforçons de gérer les coûts de manière économe et tablons sur 15 à 16 millions de francs. Nous avons déjà réuni 70% des moyens nécessaires. La Confédération soutient la construction du Velodrome Suisse à raison de deux millions de francs au total. La commune de Granges, le fonds du sport du canton de Soleure et moi-même mettons chacun la même somme à disposition. Actuellement, notre direction tente de récolter les fonds encore nécessaires auprès de donateurs potentiels.
Une fois le vélodrome terminé, les coûts d’exploitation annuels de 1,2 million de francs devront également être financés. Le Velodrome Suisse pourra-t-il opérer sans majoration de coûts?
Un des objectifs consiste à ce que le Velodrome Suisse s’autofinance. Nous sommes sur la bonne voie. La salle va être occupée pour des leçons de gymnastique tant par des apprentis que par des associations de la région. A noter également que l’année prochaine, l’arrivée de la troisième étape du Tour de Romandie aura lieu sur le site du Velodrome Suisse et que la salle hébergera une exposition de chats – pour ne citer que quelques activités.
Existe-t-il, outre la «Halle für alle» à Stäfa, d’autres modèles pour cette salle multifonctionnelle, notamment en ce qui concerne l’installation d’une piste cycliste?
Non, le Velodrome Suisse est unique en son genre. Même si la salle ne représente pas un objet de conception luxueuse, nous construisons un véritable bijou. Son look est très particulier et moderne.
Finalement, la pièce maîtresse sera la piste cycliste. La majorité des moyens est-elle investie dans sa construction?
Non, la piste cycliste n’absorbe qu’environ 10% du budget. Les éléments les plus coûteux sont l’enveloppe du bâtiment et l’infrastructure (salle polyvalente, hôtel, restaurant, etc.).
Selon des rumeurs, la piste du Velodrome Suisse devrait être la plus rapide d’Europe. Est-ce correct?
Nous avons la possibilité, grâce au concours du constructeur de vélodromes allemand «VeloTrack», de construire une des pistes les plus rapides. Les spécialistes de «VeloTrack» s’efforcent évidemment que chaque nouveau vélodrome soit encore plus rapide que le dernier. Leur ambition ce calque avec notre objectif.
Quels étaient les obstacles les plus difficiles jusqu’au moment du premier coup de pioche en avril?
Le plus laborieux fut la création de la fondation, avec l’élaboration des statuts et du Business Plan et l’obtention de l’exonération fiscale. Ont alors suivi les autorisations administratives habituelles allant de la demande du permis de construire à l’autorisation de la police du feu. Finalement, ceci s’est déroulé sans véritables problèmes, notamment aussi grâce au soutien généreux des autorités de Granges et du canton de Soleure.
Etiez-vous surpris de la bonne coopération de tous?
Non, j’étais persuadé que personne n’allait nous mettre des bâtons dans les roues. Dès le début, l’ambiance qui régnait autour du projet était positive. J’ai ressenti beaucoup de plaisir lorsque le Velodrome Suisse a été approuvé par une fantastique majorité lors de la votation correspondante à Granges. J’aimerais souligner le précieux engagement de Boris Banga, président de la ville de Granges et de Claude Barbey, maire de Granges. Nous avons également eu la chance de pouvoir recruter avec Beat Zbinden un passionné du cyclisme et une personnalité à l’esprit entrepreneurial et pratique.
Quelle est la motivation qui vous pousse à vous engager constamment en faveur du sport cycliste?
Je déteste l’ennuie! Je me sens très attaché au cyclisme. Je pourrais aussi dire que c’est la passion pour un sport que beaucoup de gens peuvent exercer. Pour les gens qui se détendent sur le vélo, pédalent pour leur santé ou trouvent ainsi le moyen de trouver des forces mentales. Ce n’est pas par hasard que le magazine économique suisse « Bilanz » vient d’enquêter sur le phénomène que des managers s’adonnent à des sport extrêmes. La conclusion est la même que la mienne: le sport contribue à la bonne santé et au bonheur.
Combien de kilomètres avez-vous déjà parcouru sur votre vélo cette année?
J’ai effectué déjà plus de 120 sorties à vélo. Je pense que cette année je vais passer le cap des 7'000 kilomètres. C’est un nouveau record pour moi! Avec quelques collègues, je viens d’effectuer dernièrement notre sortie annuelle qui nous a menés de Florence en Toscane jusqu’en Ombrie et finalement des Abruzes à Pescara. Chaque année, ce tour est pour nous le couronnement de la saison.
En tant que fondation d’utilité publique, Velodrome Suisse est indépendant du fabriquant de vélo BMC, également domicilié à Granges. La question se pose tout de même: de quelle manière BMC en tant que producteur de vélo peut-il profiter de Velodrome Suisse?
Bien entendu que pour BMC c’est un avantage de trouver la piste juste devant sa porte. Il est possible d’y effectuer des séances d’essais et d’analyse. Les membres de l’équipe BMC Racing Team auront également la possibilité de l’utiliser par exemple pour peaufiner leur position aérodynamique. Toutefois, cet avantage ne sera pas exclusivement réservé à BMC ou aux athlètes de l’équipe BMC Racing Team. D’autres fabricants de vélos auront également la possibilité de louer la piste. Je suis persuadé que cette possibilité sera exploitée.
Andy Rihs va-t-il personnellement inaugurer le vélodrome l’année prochaine?
Oui, bien entendu!
Quels coureurs souhaiteriez-vous rencontrer sur la piste?
Tous! Des manifestations sont également prévues. Nous prévoyons d’organiser à partir du printemps 2014 une course de six jours. Notre intention n’est pas de concurrencer les Sixday Nights au Hallenstadion à Zurich, mais d’organiser une compétition supplémentaire. De plus, il sera possible d’organiser à Granges des championnats de Suisse et d’Europe. Il serait même possible d’envisager des championnats du monde.
Combien de personnes seront occupées par Velodrome Suisse SA?
Actuellement, je suis entièrement focalisé sur le sport cycliste. Velodrome Suisse offre un service sept jours par semaine et 24 heures sur 24. Nous estimons donc le besoin à 10 employés. De plus, le site hébergera le secrétariat de Swiss Cycling, des magasins, des services de restauration et un hôtel. En fin de compte, 30 à 40 personnes travailleront au Velodrome Suisse.
En quoi la ville de Granges bénéficiera-t-elle du Velodrome Suisse?
La renommée de la région ne va plus seulement se focaliser sur l’horlogerie et de l’industrie de précision. Le Velodrome Suisse va augmenter l’attrait de la région. Grâce aux manifestations, salons ou congrès, nous aurons un pôle d’attraction.
Qu’attendez-vous du Velodrome Suisse?
J’espère qu’il stimulera fortement le sport cycliste sérieux. Que la relève soit de nouveau nombreuse et qu’à l’avenir puissent en ressortir de nombreux champions suisses.
Où se situera le Velodrome Suisse dans cinq ans?
Il va être occupé pendant 360 jours de l’année!